La méditation est-elle un challenge (chat lange)?
On le sait, la méditation de pleine conscience n’est pas une activité automatique, loin de là. En fait, c’est tout le contraire.
Sortir de ses automatismes, c’est loin d’être automatique
La méditation de pleine conscience nous amène à sortir de nos automatismes. Elle consiste à déposer notre attention sur ce qui est là dans l’instant présent, moment après moment, et ceci, sans porter de jugement. Nous devenons alors attentifs à tout ce qui émerge de l’intérieur de nous ou de l’environnement.
Ça semble peut-être très simple dit comme cela, mais détrompons-nous; cette pratique peut rapidement devenir un vrai challenge!
Vous devinez que si méditer est un défi, le grand responsable est encore et toujours le cerveau. Il a le dos large le cerveau, depuis quelques années. En fait, depuis que nous sommes en mesure de l’étudier, on découvre que tout est radicalement de SA faute!
Deux ou trois mots sur cerveau
En fait, le cerveau fait partie d’un système complexe composé de cent milliards de neurones interconnectés entre eux et avec différentes structures telle que l’hippocampe.
Tout ce beau petit monde compose un univers en soi qui génère près de cent-mille pensées par jour. Le tout est agrémenté de multiples émotions toutes aussi colorées les unes que les autres.
Ces dernières sont générées par des mécanismes complexes qui sont inclus dans notre superbe « Heavy-Duty Machine ». Pour couronner le tout, des sensations physiques de différentes textures accompagnent souvent ces milliers de pensées et d’émotions en ébullition.
Et, on nous demande de porter attention à ce qui est là, donc à tout ceci!
Vous voyez le « chat lange » que cela comporte n’est-ce pas?
La puissance des pensées
Vous savez que les pensées ont cet incroyable don de nous transporter avec elles et souvent très, très loin dans l’univers de l’imaginaire. Il arrive même parfois, après avoir inventé de multiples scénarios en lien avec notre histoire de vie, de ne revenir sur terre (ou dans la réalité) que quelques heures plus tard.
On peut donc passer une soirée complète à se balader d’une pensée à l’autre en naviguant inconsciemment sur les eaux instables et irréelles du passé et de l’avenir.
On oublie, bien involontairement de notre part, de vivre dans le moment présent.
Puisqu’une pensée en amène une autre, puis une autre jusqu’à près de 100 000 par jour, c’est bien suffisant pour nous envahir et nous éloigner du moment présent!
On se laisse fasciner et j’irais jusqu’à dire hypnotiser par ces pensées. Comme si elles étaient importantes ou essentielles. Comme si on leur accordait le droit de prendre d’assaut chacun de nos précieux moments. Nous les laissons envahir et même contrôler notre existence.
Le challenge
Le challenge ici est de demeurer conscient ou consciente de « la présence » de l’ensemble de ces pensées et ceci, sans partir avec elles. À l’instant même où l’on réalise que nous sommes parties avec elles, nous décidons volontairement de revenir….
« De revenir où? » Vous demanderez. De revenir à un objet d’attention que l’on a choisi dès le départ. Un objet qui est réel comme la respiration, un son, le contact des pieds avec le sol, l’odeur de l’herbe sur laquelle nous sommes assis, la sensation du pelage de minou sur nos doigts, etc.
C’est ainsi que nous musclons notre capacité à être attentif.
La confiance en soi et en la science
Les bienfaits de la pratique de la méditation de pleine conscience sur notre santé et notre équilibre ne sont plus à prouver. Des équipes de chercheurs de plusieurs grandes universités travaillent sur ce sujet depuis le début des années 2000.
Voici, à titre d’exemple, un entretien avec le chercheur Antoine Lutz effectué par Francis Lecompte en 2020.
Nous pouvons faire confiance en la science, mais aussi et surtout en notre capacité à explorer la vie au-delà de certains automatismes qui contrôlent inutilement notre existence.
À mon avis, apprendre à intégrer la méditation de pleine conscience dans notre vie de tous les jours est un challenge qui en vaut vraiment la peine. Et si cette pratique nous amenait, comme le chat emmitouflé dans son lange, à prendre le temps de savourer la douleur de l’instant présent?