La pleine conscience, c’est quoi au juste?

 

Petit problème de nomenclature

Passons aux choses sérieuses et commençons par le commencement! 

Qu’est-ce que la pleine conscience au juste?

Est-ce avoir la conscience pleine? Et pleine de quoi?  Pleine  de conscience? Mais qu’est-ce que la conscience? 

Être conscient pleinement? Peut-on être à moitié conscient? Avoir une conscience à moitié vide ou à moitié pleine? Un peu comme le verre d’eau!

Et puis, être pleinement conscient, est-ce faire le vide ou faire le plein?

C’est ainsi qu’on constate rapidement que le terme de la pleine conscience peut porter à confusion. Ne trouvez-vous pas qu’il  est porteur d’un certain paradoxe!

En réalité, l’expression pleine conscience est une traduction française du mot mindfulness, mot ayant été désigné par Jon Kabat-Zinn alors qu’il créait le programme de réduction du stress par la pleine conscience (Mindfulness based stress reduction).  

Par ailleurs, cette traduction ne serait pas si fidèle à la  signification réelle du mot de départ mindfulness choisi par Jon kabat-Zinn.  Autres traductions ont été envisagées: : présence attentive, conscience réfléchie, pleine présence, pleine attention.

Selon plusieurs spécialistes qui se sont penchées sur cette question, la présence attentive représenterait  la  meilleure description de la mindfulness telle que décrite par Jon Kabat-Zinn. C’est pourquoi vous rencontrerez ce terme, ici et là, dans différents livres, articles ou titres de formation.

Sachez qu’à ce jour, la pleine conscience demeure la locution qui prédomine dans la littérature et les médias.

Une définition en provenance du Massachusetts

Il existe plusieurs définitions de la pleine conscience, mais pour simplifier le tout, je vais vous en présenter qu’une seule, celle de Jon Kabat-Zinn. 

Docteur en biologie médicale, professeur retraité de l’école de médecine à l’Université du Massachusetts et fondateur du Center for Mindfulness in Medicine, Health Care, and Society à cette même université, Dr Kabat-Zinn est un pionnier dans  l’intégration du principe corps-esprit dans le domaine de la santé. Comme spécifié un peu plus haut, il a fondé le programme MBSR (mindfulness based stress reduction) qui est maintenant reconnu dans le monde entier.  C’est à la fin des années 70 que  Dr Kabat-Zinn a laïcisé la méditation bouddhiste en vue de l’enseigner aux patients souffrant de stress, de douleur et autres maladies.  

On y reviendra avec plus de détails dans un prochain   article.

La définition:

« Un état de conscience qui résulte du fait de porter son attention, intentionnellement, au moment présent, sans jugement, sur l’expérience qui se déploie moment après moment. »

Je vous l’avais dit que ce serait simple!

Anodine, la pleine conscience?

Pourquoi cette activité qui semble pourtant anodine est-elle devenue si populaire?

D’abord, mettons les choses au clair : elle n’est peut-être pas aussi anodine qu’elle le parait!  Elle demande un investissement et un engagement personnel sérieux. La méditation a bien sûr  envahi les librairies, les centres de yoga, plusieurs institutions scolaires, les entreprises, les universités, certains  hôpitaux et même des institutions pénitentiaires.

De plus, sachez que cette conquête ne fait que débuter! La méditation n’est pas une mode ou une tendance ésotérique comme certaines personnes pourraient l’imaginer. En fait, la plupart des gens qui la pratiquent  en tirent  un bénéfice réel  sur leur bien-être, leur santé mentale ainsi que sur leur santé physique. Ces bienfaits apparaissent généralement après  quelques semaines de pratique régulière, mais parfois, ils se manifestent de façon spontanée.

D’ailleurs, d’innombrables  recherches sont en cours  afin de faire la lumière sur l’influence réelle qu’exerce la pratique méditative sur  notre condition physiologique et mentale.  Les résultats de  plusieurs de ces recherches sont concluants. 

Ce n’était peut-être qu’une question de temps dans notre évolution pour que la méditation retrouve enfin ses lettres de noblesse au sein de notre société occidentale. Ce temps, semble-t-il, est arrivé. La méditation s’est tracée un chemin au fil des siècles et c’est sous une forme plus contemporaine et sous l’épithète de la pleine conscience qu’elle a su se faire accepter. 

Pratiquer la méditation de  pleine conscience, c’est faire une escale au cœur de nos journées. Nous pouvons, avec un peu de pratique, arriver à calmer notre esprit  et éviter qu’il parte en vrille dans des moments stressants ou déstabilisants.

Une escale au coeur de nos jours

Dans la tumulte de nos jours, s’arrêter. Déposer ses bagages. Cesser d’aller quelque part. Faire une escale au cœur de nos journées. Interrompre ce «vouloir faire à tout prix». Observer ce vouloir faire. Devenir curieux de ses propres réactions.  Comme dans un voyage, s’arrêter et regarder les passants. Se laisser imprégner de ce qui est, de ce paysage, de cette gare ou de ce port. De son agitation et  de ses indications, de ses mouvements.

Fermer les yeux pour plonger à l’intérieur. Pour sentir notre souffle.  Ne rien changer à notre manière de respirer. Se laisser respirer. Sentir tout notre corps. Tel qu’il est. À sa surface comme à l’intérieur. Les picotements sur la peau, une tension à cet endroit, un élancement plus bas.  Observer cette tension, cet élancement et les autres sensations.  Les observer avec un esprit juste et aiguisé.  Puis les voir s’effacer, se dissoudre. Revenir à son souffle.

Puis, observer les mouvements de notre esprit, son agitation, son vacarme. Accepter cette cacophonie. Ne pas la juger. En être témoin. Laisser aller les pensées. Ne pas s’y accrocher. Ce ne sont que des pensées. Reconnaître que nous ne sommes pas ces pensées.  Elles ne font que passer. Les observer, sans s’y accrocher. Sans les retenir. Sans les nourrir. Remarquer lorsqu’on s’y accroche. 

En sourire et revenir très doucement à sa respiration. Sentir à nouveau l’air qui entre et qui sort. Sa fraîcheur peut-être.  Les subtilités de son déplacement dans les cavités nasales. Oui, oui, dans les cavités nasales! Peut-être dans nos voies respiratoires supérieures. Les mouvements de notre poitrine, de notre ventre. Les pensées se bousculent un peu moins. Être le témoin de ce film qui se déroule au cœur de nous-mêmes.

Plonger un peu plus profondément. Au-delà des pensées qui se bousculent un peu moins parce qu’elles sont moins nombreuses. Sans intervenir. Ressentir le silence, la paix en nous. Respirer avec attention.  

Retour d’une pensée, puis une autre, dix autres. Le retour progressif  ou radical de l’agitation. Confusion, déception, jugement (j’y étais pourtant arrivée). Lâcher les jugements. Accepter ce qui est, cette agitation revenue. Revenir doucement au souffle. Demeurer là. Encore un instant, puis un autre. À nouveau le calme. Observer  cette immobilité. Encore un instant. Puis un autre. Puis un autre..

Ouvrir doucement les yeux. S’étirer lentement. Reprendre progressivement le train de la journée avec un nouvel esprit, épuré, serein  et ouvert à ce qui est.

                                                              *****                

Ce sentiment de  plénitude que nous cherchons tous à atteindre est peut-être finalement, le résultat de cette étrange liaison existant entre le vide et l’entièreté. 

C’est pourquoi, peut-être, il nous est si difficile de le nommer. La pleine conscience, la présence attentive, être présent à ce qui est, là, maintenant, ici, en nous et autour de nous. Peu importe le mot puisqu’en réalité «le mot n’est jamais la chose» (Krishnamurti).

MClôde

2 commentaires sur “La pleine conscience, c’est quoi au juste?

Laisser un commentaire