
Le stress, quelle prouesse!
Oui! Oui! Vous avez bien lu! Le titre de ce texte ne cadre peut-être pas parfaitement avec l’image, mais oui, le stress est une prouesse de haut calibre qui vient avec notre incroyable machine à voyager dans le temps. En effet, cette « fonction » nous a permis de traverser plusieurs millénaires et survivre jusqu’à ce jour. Toutefois, il faut savoir que le stress est un peu comme l’alcool; la modération a bien meilleur goût. Ce texte fournit quelques explications.
Il faut savoir qu’il existe 2 types de stress.
Le stress aigu nous permet d’agir avec force et agilité lorsqu’une situation menaçante se présente. C’est le bon stress (eustress). Grâce à ce dernier, nous pouvons éviter des accidents, courir à vive allure si nous sommes poursuivis par un « jocker » lors de la soirée de l’Halloween, jouer au football comme un dieu, étudier toute la nuit avec beaucoup d’énergie la veille d’un examen, etc. Bref, le stress aigu nous permet d’affronter des situations difficiles ou menaçantes que nous rencontrons en cours de route.
Lorsque le stress devient chronique, c’est-à-dire que notre système est confronté trop souvent et sur une longue période à des agents stressants (trop de « jockers » et trop d’examens qui se succèdent) sans avoir la possibilité de récupérer; on peut alors s’attendre à un effondrement ou un dérèglement de notre système (détresse). La phase d’adaptation et de résistance qui dure plus ou moins longtemps finit par ne plus suffire à la tâche.
D’abord, qu’est-ce que le stress?
C’est Hans Selye, chercheur à l’Université de Montréal qui a décrit pour la première fois dans les années 30, le concept du syndrome d’adaptation qui est une réaction biologique à une situation menaçante. Cette réaction, que nous appelons la réponse de stress, est spécifique à des conditions non spécifiques ce qui signifie que peu importe la qualité de la menace rencontrée, la réponse du corps sera la même.
Notez qu’il y a eu d’autres chercheurs qui ont contribué à d’importantes avancées dans la science du stress avec la découverte des hormones du stress, du concept de l’homéostasie et de la réponse combat-fuite par exemple. Je m’en tiens à Hans Selye parce qu’il a vécu à Montréal. Mais non! Je rigole bien sûr! De toute manière, Hans Selye était d’origine autrichienne!
Pour en savoir davantage sur le stress, je vous invite à visiter le Centre d’études sur le stress qui est dirigé par Sonia Lupien, neuroscientifique et spécialiste du stress au Québec. Ce site présente une mine d’informations sur ce sujet malheureusement trop d’actualité.
Que se passe-t-il donc sur le plan biologique lorsque nous nous sentons menacés?
– Un message est envoyé à l’hypothalamus, une région située au cœur du cerveau;
– Une libération de la corticolibérine (hormone produite par l’hypothalamus) s’en suit;
– La glande pituitaire (située à la base du cerveau) est stimulée par la corticolibérine;
– La glande pituitaire produit alors l’hormone adrénocorticotropine (ACTH);
– L’adrénocorticotropine prend le chemin des vaisseaux sanguins pour se rendre jusqu’aux glandes surrénales situées au-dessus des reins;
– La sécrétion de l’adrénaline et du cortisol par les grandes surrénales s’en suit.
Ces 2 hormones du stress nous entraînent alors dans un état de stress aigu. Leur présence permet à notre corps de déployer toute l’énergie nécessaire pour combattre le danger ou le fuir (fight or flight, principe découvert par Dr Cannon de l’Université Harvard).
Voici ce qui se produit alors:
– Nos sens deviennent particulièrement affinés;
– Nos pupilles se dilatent et notre vision s’améliore même dans la noirceur;
– Plus de sang se dirige vers le cœur plutôt qu’à nos extrémités. Celles-ci deviennent blanches;
– Importante irrigation sanguine au niveau de nos muscles ce qui nous permet de courir plus rapidement;
– Les vaisseaux sanguins se resserrent ce qui diminue le saignement en cas de blessure;
– Les poils se redressent pour augmenter la sensibilité tactile;
– Les veines se dilatent assurant ainsi un meilleur retour sanguin aux poumons et moins d’essoufflement;
– La respiration devient profonde ce qui nous permet de crier très fort si nécessaire;
– De l’endorphine est sécrétée ce qui diminue la douleur en cas de blessure;
– La chaleur du corps entraîne plus de sueur ce qui lui permet de se rafraîchir (semblable au système de refroidissement d’une voiture);
– Les sucres et les gras sont emmagasinés et utilisés pour augmenter l’énergie;
– Les systèmes digestif et urinaire s’arrêtent;
– L’activité du système immunitaire cesse;
– Une distorsion au niveau de la mémoire se manifeste;
– La vigilance et l’attention augmentent;
– L’émotion est régulée selon la situation, etc.
Après ce grand déploiement d’énergie et de capacité exceptionnelle, une récupération s’en suit. Le corps a besoin de se reposer. Des signaux de fatigue et de faim se font rapidement sentir.
Le stress devient chronique lorsque le cerveau détecte continuellement des dangers sans permettre au corps de récupérer. Ceci entraîne un dérèglement au niveau des hormones du stress. Il peut y avoir une surproduction de ces hormones ce qui est observé dans le cas des personnes dépressives. Inversement, on peut constater l’absence ou une très faible production de ces hormones chez les personnes souffrant d’un burnout.
Malgré le fait qu’il soit très performant, le cerveau ne distingue pas les différents niveaux de gravité des agents stressants. Son objectif premier est de nous prévenir de toutes les menaces possibles, des plus dangereuses aux plus insignifiantes. Hé oui! Il enclenche automatiquement le processus de réaction de stress tel que décrit précédemment dès qu’il détecte une situation qu’il considère comme étant menaçante.
Par exemple, les situations suivantes peuvent initier cette cascade d’événements physiologiques: un mauvais souvenir surgit dans notre esprit, une personne me juge trop sévèrement, mon patron me « fait des gros yeux méchants », mon ado me répond de manière irrespectueuse, je suis à 5 minutes d’une présentation orale devant 3 personnes, un chauffard vient de me couper tout en klaxonnant et en me faisant d’étranges signes avec ses doigts, la pelouse du voisin est plus verte que la mienne, etc. Quand je vous dis qu’on est loin d’une menace mettant notre vie en danger…
Plusieurs situations plus ou moins anodines peuvent donc « être perçues » comme étant menaçantes par le cerveau. Cela dépend bien souvent de notre histoire personnelle (ça, c’est une autre histoire). La réaction physiologique qui nous permet de combattre ou de fuir le danger s’enclenche alors que notre vie n’est absolument pas en danger. On se retrouve ainsi continuellement sollicité par des situations aussi banales que des pensées (ce qui est loin d’être insignifiant puisqu’il est reconnu que notre cerveau peut générer environ 70 000 pensées par jour) qui ne sont pas menaçantes pour notre vie. C’est ainsi que le stress prend une forme chronique ce qui est très, très malsain pour notre santé physique et mentale.
Le stress chronique risque d’entraîner les problématiques suivantes:
– Un épuisement de l’organisme;
– Des maladies cardiaques;
– Une pression artérielle élevée;
– Une accumulation de cholestérol;
– Une obésité abdominale;
– Un diabète de type II;
– Un impact néfaste sur la mémoire;
– Les fonctions du système immunitaire diminuées;
– De l’anxiété;
– Un état dépressif;
– Un burnout, etc.
Le lien avec la pleine conscience
Il a été prouvé que la pratique régulière de la pleine conscience favorise la régulation du taux de cortisol circulant dans le sang. En cas de menace, le cortisol sera bien sûr sécrété et il sera mieux régulé par la suite.
Lorsque le stress devient chronique, le taux de cortisol circulant dans le corps se retrouve élevé de manière prolongée ou inversement en quantité insuffisante. La pratique de la pleine conscience va aider les individus confrontés régulièrement à des agents stressants (policiers, médecins, ambulanciers, mères monoparentales, etc.) à mieux gérer le stress et d’éviter de basculer dans la dépression ou encore dans le burnout à cause de ce dérèglement du taux de cortisol circulant dans le sang.
De plus, il est validé que la pratique de la pleine conscience stimule la sécrétion de sérotonine, une hormone impliquée dans le bien-être. L’exercice physique et certains aliments stimulent également la sécrétion de sérotonine. Certains disent que la méditation et l’exercice physique est le match parfait d’un bel équilibre de vie tant physique que mental.
Grâce aux appareils permettant d’obtenir une imagerie par résonance magnétique (IRM), les chercheurs ont remarqué une diminution de la dimension de l’amygdale chez les personnes qui pratiquent la pleine conscience. Cette structure située dans le cerveau est responsable de la gestion des émotions telles que la peur et l’anxiété. On pourrait la considérer comme le système d’alarme d’une maison réagissant aux moindres mouvements des pensées négatives ou des situations chargées émotivement. Une amygdale plus importante et donc plus active maintient la personne en état d’alerte presque constamment. Un peu comme si le système d’alarme était toujours armé.
Au contraire, une amygdale plus petite va plutôt permettre à l’individu de mieux gérer ses émotions et d’éviter d’entrer inutilement dans la spirale du stress.
Plusieurs recherches sont actuellement en cours sur ce sujet captivant.
On cherche à connaître et à préciser les mécanismes qui se produisent au niveau cellulaire lors de la méditation; ces mécanismes qui sont responsables des changements de la structure de certaines zones du cerveau et de ses fonctions. Voilà un beau sujet d’étude qui n’a pas fini de nous étonner. D’ailleurs, je ne serais pas surprise qu’au moment où vous lisez ces lignes, cette découverte ait déjà eu lieu. MClôde