Rubrique « Méditer sans chat virer »
Le chamailleur
Le chamailleur cherche le trouble ou encore le crée. Il est toujours prêt à se disputer et à s’obstiner, car pour lui, tout est propice au conflit. Il a « la mèche courte » comme on dit! En effet, il réagit à la moindre contrariété. Cette dernière devenant l’étincelle qui allumera un pétard de réaction, de provocation ou d’agressivité. Le chamailleur veut à tout prix avoir raison.
Il n’a presque jamais l’esprit tranquille. À le voir aller, on devine que du matin au soir, il est en mode survie, et ceci, sans même en être conscient.
Il faut sans cesse faire attention à ce que l’on dit en présence d’un chamailleur, car nos propos peuvent être mal interprétés et devenir l’étincelle qui déclenchera un nouveau conflit. Si le chamailleur se sent menacé, il rentre rapidement dans le « mode attaque ».
Une fois bien installé dans ce mode, le chamailleur peut employer des mots accablants et poser des actions qui lui donneront l’impression de dominer la situation…..même si cette terrible menace est une jolie marguerite.
Le chamailleur ne réfléchit plus lorsqu’il se retrouve dans le mode attaque. Son corps se transforme miraculeusement. On peut par exemple apercevoir les muscles de son visage se contracter. Un trait vertical peut se dessiner au milieu de son front entre les deux yeux. Sa respiration peut même s’accélérer et le ton de sa voix devenir plus grave.
Il laisse ses émotions l’envahir et prendre le contrôle de ce moment. Il croit que ses émotions représentent sa force et lui permettront de contrôler la situation, mais en fait, c’est tout le contraire. En réalité, le chamailleur se trouve sous l’emprise de certains automatismes issus de son fabuleux système nerveux. Mais cela, il n’en est pas conscient.
On a toutes et tous un jour ou l’autre rencontrer un chamailleur n’est-ce pas?
Mais soyons sincères, oublions les autres pour quelques instants et posons-nous LA BONNE question : nous arrive t-il de devenir nous-mêmes ce terrible félin aux griffes acérées et au regard assassin? Prêt à bondir sur une prochaine proie?
Prenons une petite pause pour valider ceci.
……….
La réponse est oui! Bien sûr qu’il nous arrive à nous aussi d’être un chamailleur.
Lorsque nous réagissons promptement à certains propos, lorsque nous nous obstinons pour avoir raison dans une discussion totalement stérile, lorsqu’une contraction musculaire au niveau de la mâchoire apparaît en présence d’un collègue qui nous humilie, lorsque notre ado se moque de notre piètre compétence en informatique ou lorsque notre compagnon de voyage passe tout son temps à pitonner sur son cellulaire et à faire des selfies plutôt que de profiter réellement de la beauté des paysages, nous pouvons rapidement devenir un chamailleur.
Finalement, il existe des milliers de situations qui sont propices à nous transformer en parfait chamailleur.
Lorsque nous nous sentons menacés, une cascade d’événements biologiques s’enclenche sans que nous ayons à lever le petit doigt. Bref, ça se fait tout seul!
Une fois qu’un élément déclencheur (rencontre désagréable, discussion houleuse, etc.) survient, ceci active une structure dans notre cerveau que l’on appelle l’amygdale cérébrale. C’est alors que le système nerveux central envoie des messagers via la circulation sanguine vers les glandes surrénales. Un long périple entre le cerveau et le dessus des reins s’exécute quasi instantanément. C’est pour dire à quel point c’est efficace!
Pour en savoir un peu plus sur le cortisol, une de ces fabuleuses hormones du stress, veuillez cliquer ici.
Ces messagers demanderont aux glandes surrénales de réveiller leur armée de petits soldats neurotransmetteurs, ces redoutables hormones du stress qui feront tout ce qu’il faut pour amener notre corps et notre esprit en état d’alerte rouge et près à réagir.
Cette condition est donc commune à tous les êtres humains sans exception. C’est un mécanisme bien ancré dans notre système nerveux qui s’est développé au fil de notre évolution depuis la nuit des temps. C’est d’ailleurs ce qui nous a permis de survivre jusqu’à ce jour.
Pour en savoir plus sur les stress, je vous encourage à visiter le Centre d’Études sur le Stress Humain (CESH).
Il ne faut donc pas trop s’en vouloir si nous constatons que nous ressemblons parfois au chamailleur. Ce comportement est le fruit de notre évolution! Toutefois, c’est bon de savoir qu’il nous est possible de sortir de l’emprise de ces mécanismes lorsque notre vie n’est pas en danger et que le mode survie n’a donc pas vraiment besoin d’être activé.
Savoir qu’une certaine liberté nous est accessible face à ces automatismes parfois lourds à porter, devient un magnifique vent de fraîcheur dans notre vie. Qu’en pensez-vous?
En effet, il est possible de passer du chamailleur au chat meilleur en devenant plus conscient de ces mécanismes qui s’expriment en nous, en prenant le temps de les observer lorsqu’ils se produisent. Devenir conscient pour devenir un chat meilleur. N’est-ce pas là un beau projet de vie? Et c’est possible d’y arriver avec la pratique de la pleine conscience. Hé oui! Encore elle! Comme si elle pouvait nous guérir de tous nos malheurs, vous direz!

Au risque de me répéter, hé bien oui! La pratique de la pleine conscience présente des bienfaits assez surprenants puisque je vous en parle aujourd’hui, encore une fois.
Donc, si jamais vous vous sentez un peu chamailleur par moment, ne vous en faites pas trop, car vous savez maintenant qu’il y a de l’espoir.
Nous pouvons tout un chacun découvrir et observer nos réactivités et les laisser se dissoudre doucement dans une énergie de bienveillance. Pour y arriver, nous devons pratiquer quotidiennement la méditation de pleine conscience en y ajoutant une bonne dose d’auto-compassion et d’ouverture d’esprit. MClôde